L’isolation des passoires thermiques ne serait plus efficace après deux ans selon une étude de janvier 2023 menée par des chercheurs de l’Université de Cambridge qui ont analysé l’évolution de la consommation de gaz 5 ans avant et 5 ans après l’isolation d’un bien. Cette étude révèle que les économies d’énergie obtenues par cette rénovation s’amenuisent dès la deuxième année et disparaissent complètement après quatre ans pour l’isolation des murs et deux ans seulement pour celle des combles.
Un comportement des utilisateurs responsable ?
Les chercheurs de l’université de Cambridge invoquent le comportement des habitants pour expliquer l’absence d’effets à long terme de cette rénovation. L’isolation des logements permet une meilleure isolation et avec elle une température plus élevée. Les occupants sont alors tentés d’ouvrir plus leurs fenêtres et donc de perdre de la chaleur. Parallèlement à l’isolation de leur logement, les Britanniques sont nombreux à procéder à d’autres installations visant à améliorer leur confort, comme une extension de leur maison, qui peut aussi annuler les effets de la rénovation. De plus, chez les ménages défavorisés, la rénovation énergétique génère une faible réduction de la consommation énergétiques car leur logement était généralement sous-chauffé avant rénovation.
Un véritable problème de compétences
Cette étude est très intéressante et doit être complétée d’autres études qui montrent que les rénovations énergétiques sont rarement bien exécutés. A contrario d’un logement neuf qui doit bénéficier d’un audit énergétique indépendant et d’un certificat d’étanchéité à réception, il n’en est rien pour la rénovation. Certains propriétaires font ainsi appels à plusieurs artisans différents pour changer les fenêtres, mettre de l’isolant,…sans aucune coordination. Les ponts thermiques sont ainsi légion et les solutions adoptées inadaptées (absence d’isolation des dalles supérieures, problème de ventilation,…). Surtout, les artisans, peu formés, doivent faire avec l’existant ( qui varie fortement d’une maison à l’autre), ce qui est très compliqué, alors que dans le neuf, les étapes et techniques sont standardisées et ainsi facilement contrôlables.
C’est d’ailleurs pourquoi il est souvent bien plus cher d’isoler que de rénover une maison.
Ces constats sont donc plutôt alarmants. Reste à savoir si les mêmes comportements sont observés en France et si la rénovation a le même impact à long terme que chez nos voisins d’outre-Manche. Face à cela, il est clair que la construction est la seule solution réellement viable. Les techniques de démolition/construction ou de désossement ( maintien de la seule carcasse) avec le travail d’un constructeur associé à un bureau d’étude thermique semblent donc être des solutions à explorer très rapidement si l’on veut baisser la consommation du parc résidentiel français.
