Créée en 2005 et longtemps citée en exemple parmi les réussites du secteur de la maison à ossature bois, la société toulousaine Ami Bois vient d’être placée en liquidation judiciaire. Une chute brutale qui symbolise les difficultés profondes que traverse aujourd’hui l’ensemble de la filière.
Un acteur majeur du bois en essor… jusqu’à la crise
Installée à L’Union, dans la périphérie de Toulouse, Ami Bois s’était rapidement imposée comme une référence dans la construction de maisons individuelles en bois. Forte d’un savoir-faire reconnu, l’entreprise avait connu une expansion constante, atteignant près de 20 agences sur le territoire national, notamment dans le Sud-Ouest (Toulouse, Muret, Montauban, Cahors, Albi…).
En 2020, la dynamique était encore ambitieuse : Ami Bois visait le cap des 50 agences en France, surfant sur l’attrait croissant pour les constructions écologiques, rapides et performantes. Mais cette trajectoire s’est heurtée à une série de crises : pandémie de Covid-19, flambée des prix des matériaux, contraction du crédit immobilier et effondrement de la demande dans le neuf. Le modèle, jusque-là robuste, s’est fragilisé.
La liquidation judiciaire, après un sursis manqué
Malgré l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire en décembre 2024, censée permettre une restructuration, Ami Bois n’a pas pu redresser la barre. Le 8 avril 2025, le tribunal de commerce de Toulouse a prononcé la liquidation judiciaire de l’entreprise.
Ami Bois appartenait au groupe Maîtrise des Métiers de la Construction (MMC), également propriétaire d’autres marques connues comme Maisons Olmière, Ima Bois et Maisons Goacolou. Début 2024, Frédéric Carteret, président du groupe MMC, reconnaissait une chute spectaculaire du chiffre d’affaires de la maison individuelle, passé de 80 % à seulement 50 % de l’activité du groupe. Les ventes avaient reculé de 45 % sur l’année.
Une tentative de diversification trop tardive
Pour faire face à cette conjoncture défavorable, Ami Bois avait tenté de se repositionner sur des segments alternatifs : rénovation, extensions, revalorisation énergétique. Une stratégie logique mais tardive, qui n’a pas suffi à compenser la baisse des marges, les retards de paiements et la perte de confiance généralisée dans la maison individuelle.
Les hausses spectaculaires du coût du bois et des matériaux avaient déjà contraint Ami Bois à augmenter fortement ses prix de vente. Dans le même temps, les banques, frileuses, réduisaient l’accès au crédit pour les ménages. À cela s’ajoutait une ambiance politique et réglementaire peu favorable à l’étalement urbain et à la maison individuelle, créant un climat d’incertitude pour les porteurs de projets.
Et maintenant, que peuvent faire les clients ?
Pour les particuliers ayant signé un contrat avec Ami Bois, cette annonce soulève de nombreuses inquiétudes. Chantiers interrompus, maisons inachevées, manque d’informations… La priorité est désormais de contacter le mandataire judiciaire pour déclarer sa créance et faire valoir ses droits.
Les clients doivent également vérifier la présence d’une garantie de livraison à prix et délais convenus, obligatoire dans tout contrat de construction de maison individuelle. Cette garantie permet, en cas de défaillance du constructeur, de faire terminer le chantier par une autre entreprise mandatée par le garant, sans coût supplémentaire pour le client.
Un symptôme d’une crise plus large
La liquidation d’Ami Bois n’est malheureusement pas un cas isolé. Depuis 2023, le secteur de la maison individuelle traverse une crise sans précédent. Des acteurs importants comme Geoxia (Maisons Phénix),AST, Groupe Avenir,…, ont connu des destins similaires.
Cette crise oblige tous les constructeurs à repenser leur modèle économique : industrialisation, digitalisation, montée en gamme, recentrage sur des produits sobres, évolutifs et économes. L’avenir du secteur dépendra de sa capacité à s’adapter à un nouveau contexte, à la fois économique, environnemental et social.
Un forum d’échange pour les clients a été créé sur le site lebonconstructeur